Les pompes à chaleur sont le chauffage de l’avenir, mais font partie d’une multiplicité de solutions, selon le consultant en énergie Luc Dedeyne. Nous nous sommes entretenus avec lui sur les tendances observées lors du dernier salon ISH, ainsi que sur les attentes et les défis à venir.
La pompe à chaleur était omniprésente à Francfort, comme le confirme Luc Dedeyne : « Il est regrettable qu’en Belgique, nous ayons des années de retard, car certains groupes continuent à faire pression pour le maintien de la chaudière combinée à la pompe à chaleur. Les pays voisins ont d’ores et déjà sauté le pas, l’Allemagne en tête. À titre d’exemple, l’introduction de la pompe à chaleur booster par certains fabricants étrangers n’est pas à l’ordre du jour actuellement en Belgique, car notre pays est trop complexe. Cela demande un trop grand nombre de contrôles, ce qui implique des coûts. »
À quelles tendances ou évolutions pouvons-nous nous attendre ? Luc Dedeyne : « Le R290, ou propane, un nouveau réfrigérant naturel et plus durable, sera sans aucun doute de plus en plus présent. Il possède un faible potentiel de réchauffement planétaire et une grande efficacité thermique. Mais, encore une fois, en Belgique, les appareils intérieurs font l’objet d’une agréation, même si la pompe à chaleur ne contient qu’une infime quantité de gaz. Cela entraîne un retard considérable. Ce qui m’amène à me demander ce que nous faisons réellement… »
Luc Dedeyne : « Nous constatons également une augmentation du nombre de pompes à chaleur air-air ou de climatiseurs, en particulier dans les appartements. Ceux-là occuperont une grande partie du marché, d’autant plus que la réglementation PEB en Flandre est telle que, à des fins de calcul, les gens sont presque poussés à installer des climatiseurs dans les chambres à coucher pour rafraîchir celles-ci en été et – indirectement – pour chauffer en hiver, alors qu’il serait préférable d’opter pour une pompe à chaleur air-eau ou sol-eau. La réglementation flamande doit être revue de toute urgence. Nous militons pour cela, mais nous sommes généralement mis devant le fait accompli. »
À l’avenir, le marché comprendra majoritairement des pompes à chaleur air-eau, selon Luc Dedeyne : « Parmi les deux types d’unités, monoblocs et split, ce sont surtout les climatiseurs monoblocs qui s’imposeront. En effet, les températures extérieures augmentent considérablement. Le système de mesure que j’ai à mon domicile, qui mesure la température extérieure toutes les cinq minutes, montre que l’année dernière, il n’y a eu que 300 heures où la température extérieure était égale ou inférieure à 2 degrés. Cela représente seulement 12,5 jours. Les pertes de chaleur sont calculées à -7 degrés, une température que nous n’avons pas connue. »
En Allemagne, l’installation de pompes à chaleur collectives dans les immeubles à appartements est actuellement encouragée. Luc Dedeyne : « Cette installation fonctionne à basse température. Comme elle ne permet pas de produire de l’eau chaude sanitaire, une pompe à chaleur booster supplémentaire est installée, ce qui constitue une bonne solution. De nombreux fabricants se lancent également dans la production d’unités d’appartement, un raccordement connecté au réseau de chaleur, qui en extrait la chaleur pour le chauffage domestique et la production d’eau chaude sanitaire. Les fabricants de dispositifs de chauffage domestique proposent également de plus en plus de panneaux photovoltaïques, de stations de recharge, etc. »
Quel est l’avenir des réseaux de chaleur ? Luc Dedeyne : « Ils font partie de la solution, tout comme les pellets. Mais d’ici à ce que les réseaux de chaleur soient opérationnels en Belgique, il faudra attendre cent ans. De nombreuses rues sont réaménagées en ce moment sans que l’on y parle de réseau de chaleur. »
Enfin, selon Luc Dedeyne, l’hydrogène doit également être pris en compte : « Les nouvelles chaudières sont déjà capables de remplacer au moins 20% du volume de gaz par de l’hydrogène. Certains fabricants produisent d’ailleurs des chaudières qui fonctionnent exclusivement à l’hydrogène. Le défi réside toutefois dans l’approvisionnement en hydrogène. Les recherches montrent que les réseaux gaziers peuvent être utilisés pour transporter l’hydrogène, à condition de remplacer certains raccordements. Les tuyaux en eux-mêmes ne constitueront pas un obstacle. »
Quelle est la conclusion de tout cela ? Luc Dedeyne : « Quoi qu’il en soit, l’avenir ne repose pas sur une solution unique, mais les pompes à chaleur, les réseaux de chaleur et les chaudières à pellets feront partie de l’histoire. Conformément à la réglementation sur l’écoconception, d’ici quelques années, les générateurs de chaleur des nouveaux bâtiments devront obligatoirement être plus efficaces. Un objectif auquel la chaudière à condensation n’est plus en mesure de répondre. »