Nous avons beau redoubler d’efforts, cela ne suffit pas pour remettre le climat sur les rails. Outre le climat, des technologies innovantes telles que les voitures et vélos électriques, les façades photovoltaïques et les ossatures en bois suscitent elles aussi de nouvelles idées et réflexions et requièrent une autre approche des systèmes anti-incendie dans les entreprises, les institutions et les habitations. Les normes en la matière ne sont pas neuves, mais le secteur fait vraiment de son mieux afin de développer des applications innovantes et sûres. Quel sera l’avenir de la sécurité incendie ? Nous vous présentons ci-dessous quelques tendances.
Canicules avec des températures supérieures à 40°C, intempéries extrêmes provoquant inondations et impacts de foudre, pluies et vagues de froid persistantes, etc : l’actualité de l’été dernier ne nous autorise guère à noyer le poisson. Les conséquences du réchauffement climatique sont clairement perceptibles. La hauteur des prix de l’énergie nous oblige en outre à redoubler d’inventivité pour chauffer ou rafraîchir nos logements. Le hic, c’est que créativité ne rime pas toujours avec sécurité, et les explosions de gaz, les intoxications au monoxyde de carbone et les incendies graves ne sont dès lors pas rares. Afin de protéger le climat, nous mettons tout en œuvre pour construire et vivre de façon plus durable et écologique, ainsi qu’en témoignent les ossatures en bois, les façades photovoltaïques ou les voitures et les vélos électriques. Cette évolution vers davantage de durabilité est une bonne chose pour le climat, mais elle génère également de nouveaux risques. Afin d’éviter de faire pire que mieux, il est donc essentiel de développer des applications adaptées et innovantes en matière de protection contre les incendies.
Souvent, la fumée fait davantage de victimes que l’incendie à proprement parler. C’est pourquoi la maîtrise de la fumée dans les immeubles afin de limiter l’exposition à la fumée et à la chaleur et de créer la meilleure visibilité possible pour évacuer les personnes est une problématique qui reçoit de plus en plus d’attention. Prévoir des portes coupe-feu en suffisance ainsi que des volets de désenfumage constitue dès lors un choix logique lorsque l’on entreprend des travaux de construction ou de rénovation.
Les conduits de ventilation jouent eux aussi un rôle important dans la protection contre les incendies. Afin d’éviter que le feu ou la fumée puisse se déplacer d’un compartiment à l’autre, il est nécessaire qu’ils soient équipés de clapets coupe-feu. Souvent, ceux-ci sont intégrés de façon invisible dans une barrière coupe-feu. Les clapets coupe-feu efficaces répondent toujours à la norme de qualité internationale EN 1366-2.
Si évacuer la fumée est essentiel, limiter l’ampleur de l’incendie l’est bien entendu tout autant. Prévoir une division intelligente de l’espace avec ce qu’il faut de compartiments et un dispositif anti-incendie actif et conforme est une chose, intégrer des matériaux de construction coupe-feu en est une autre, au moins aussi importante. C’est pourquoi il existe un grand nombre de systèmes passifs de protection contre les incendies pour anticiper un éventuel incendie, comme des enduits, des mousses et des mortiers coupe-feu, et même des panneaux de plafond et des dalles dotés de cette même propriété. Tous contribuent à éviter ou ralentir la propagation du feu.
L’isolation des façades, entre autres, joue un rôle très important à cet égard. L’incendie qui a dévasté la Grenfell Tower à Londres en 2013 est encore gravé dans les mémoires. Dans ce cas tragique, le revêtement de façade de l’immeuble n’était pas conforme, avec les conséquences désastreuses que l’on connaît. Depuis 2022, la Belgique s’est dotée d’une nouvelle réglementation qui vient combler plusieurs lacunes et éclaircir certaines zones d’ombre dans la législation anti-incendie. Cette réglementation repose sur la classification européenne de réaction au feu. La classe F regroupe les matériaux les plus inflammables, les classes A1 et A2, ceux qui ne le sont pas. Qui plus est, les matériaux de la classe A1 préviennent la propagation des flammes ou la formation de gouttelettes enflammées et leur combustion ne libère aucun gaz toxique et élimine presque tout dégagement de fumée. Pour les systèmes de façade, des règles existent à deux niveaux : pour le revêtement de façade, d’une part, et pour les éléments essentiels du système tels que la structure portante, les éléments de fixation et l’isolation, d’autre part. Si vous voulez une façade qui satisfait aux normes en matière de sécurité incendie, elle doit le faire pour ces deux niveaux.
De plus en plus de gens optent pour des matériaux de construction durables et pour des modalités telles que construction en bois, façades photovoltaïques et systèmes de recharge intégrés pour vélos et voitures. Ces innovations génèrent de nouveaux risques, mais également de nouvelles idées et réflexions. Aujourd’hui, nous observons une forte croissance des façades photovoltaïques et plusieurs études sont actuellement menées afin d’en apprendre davantage au sujet de leur comportement au feu. Ces études démontrent que lorsqu’un incendie se déclare au niveau des panneaux photovoltaïques, celui-ci est la plupart du temps provoqué par des pannes électriques, mais également que l’incendie est souvent difficile à éteindre dès lors que de petits foyers subsistent en raison de la conduction du carbone et que les panneaux photovoltaïques continuent de fournir de l’énergie.
Si les façades photovoltaïques sont en plein boom, les ossatures en bois ne sont pas en reste. Bien que la sécurité incendie soit encore régulièrement invoquée comme argument pour ne pas opter pour le bois, ce matériau constitue au contraire un excellent choix à cet égard, d’ailleurs validé par les pompiers et les assureurs. Le bois prend en effet feu dans des circonstances très prévisibles. Sa résistance au feu est une question de physique pure. Lors d’un incendie, le bois se carbonise de manière uniforme à une vitesse d’environ un millimètre par minute, ce qui permet aux concepteurs de prédire avec précision la résistance au feu et le risque de dépassement de la capacité de charge. À l’épaisseur qui suffit pour supporter la charge prévue, les concepteurs ajoutent une épaisseur supplémentaire susceptible de se calciner en cas d’incendie. Grâce à ce surdimensionnement, la capacité de charge n’est pas mise en péril en cas d’incendie. Ces connaissances constituent un précieux fil conducteur pour les acteurs contemporains du secteur de la construction.
Enfin, le comportement de l’homme reste souvent le principal problème en matière de sécurité incendie. Demandez donc à des personnes vivant dans des immeubles à appartements comptant de nombreux étages quelle serait selon elles la stratégie d’évacuation la plus efficace ou à des propriétaires comment gérer sans risques leurs armoires électriques en cas de panne et vous verrez que bien souvent, elles seront bien en peine de vous répondre. Quel que soit le degré de sécurisation de nos immeubles, le plus important est que leurs occupants soient bien formés et préparés en matière de protection contre les incendies. On ne saurait trop insister, à cet égard, sur l’importance des formations, de la prévention et du suivi. Espérons que les installateurs et les entreprises de protection contre les incendies en tireront des enseignements et intégreront cet aspect dans leur offre de services. En effet, c’est en choisissant les matériaux adéquats, en installant des détecteurs d’incendie efficaces et en proposant des formations accessibles à tout le monde que l’on pourra garantir la meilleure sécurité incendie et réduire au maximum le nombre de victimes.