Nous sommes à quelques mois des élections et en pleine transition énergétique. Dans un contexte législatif très dynamique, il est bon pour le secteur du chauffage d’expliquer quelques-uns des principaux thèmes de son mémorandum.
L’abandon des combustibles fossiles change la donne pour la société
En plus de 150 ans, les combustibles fossiles bon marché nous ont permis de réaliser de nombreux progrès et nous en sommes conscients. Pendant trop longtemps, nous nous sommes tournés vers des ressources limitées, mais la nature nous envoie aujourd’hui la facture. Et cette facture est salée. Pour minimiser les symptômes de sevrage de notre dépendance au CO2, il est nécessaire d’établir un calendrier des objectifs à atteindre et des échéances à respecter. Des objectifs ont été fixés pour 2030 et 2050, mais il est nécessaire de fixer des balises intermédiaires. Nous attendons en avril l’approbation par l’Europe de la révision de la directive EPBD, qui devrait ensuite être intégrée dans notre législation nationale dès que possible. Avec ces balises, l’industrie du chauffage pourra se mettre au travail. Il est très important que toutes les couches de la société soient impliquées. Les plus démunis sont confrontés à un défi de taille et nous devons les soutenir financièrement. Dans le passé, les primes allaient en réalité aux personnes qui pouvaient financer leur projet elles-mêmes. Cette transition énergétique doit être inclusive.
La récréation est terminée
Nos bâtiments neufs sont désormais construits à l’épreuve du temps. Le marché de la rénovation a cependant encore du pain sur la planche. Le temps presse et nous devons donc stimuler toutes les parties. Les propriétaires doivent assumer leur responsabilité en réduisant l’empreinte carbone de leurs locataires tout en maintenant les coûts énergétiques à un niveau bas. Le certificat de performance énergétique est un bon outil pour mener à bien cette politique. Si les propriétaires ne souhaitent pas jouer le jeu, ils devraient le sentir dans leur porte-monnaie. Le certificat EPC devrait être établi en tenant compte de l’empreinte carbone en plus de la performance énergétique. Par ailleurs, l’élimination progressive de toutes les chaudières à basse température au profit d’une meilleure solution est un « quick win » bon à prendre.
La même solution pour tout le monde ?
Ce serait trop facile. Chaque immeuble devra suivre sa propre trajectoire et des étapes intermédiaires seront probablement nécessaires pour de nombreux bâtiments. Les pompes à chaleur consomment désormais moins d’énergie primaire et n’ont pas d’empreinte carbone locale. A plus long terme, elles sont donc une évidence, mais en attendant une production et une distribution d’électricité durable, disponible et suffisamment importante, l’électrification forcée devrait aussi donner une chance aux molécules vertes, bien au-delà de l’hydrogène. Les besoins en chauffage sont très concentrés sur la période hivernale et c’est à ce moment que les panneaux photovoltaïques nous laissent tomber. Le déploiement de combustibles fossiles verts peut se faire relativement rapidement et génère également un bénéfice en termes de coûts. Une installation hybride est donc une bonne solution pour les bâtiments où une pompe à chaleur n’est pas encore possible ou trop coûteuse.
Des incitants efficaces
Votre facture d’électricité est en fait une feuille d’impôt. Bien qu’il soit difficile de trouver un équilibre entre taxer plus lourdement les combustibles fossiles et rendre le prix de l’électricité plus attractif sans que les gilets jaunes ne descendent dans la rue, il s’agirait d’une très bonne mesure incitative, parmi d’autres. Enfin, nous avons besoin d’un plus grand nombre d’installateurs. Sans professionnels compétents, il n’y a pas de transition énergétique. La profession doit être attractive et les études et formations inspirantes.
Patrick O
Public Affairs officer à l’Association pour les Techniques Thermiques en Belgique (ATTB)